samedi 7 juin 2008

Nuits Sonores a Shanghai (pour Brain Mag)







Il était une fois une vague électrique, électronique et éclectique qui etait venue laver le Las Vegas chinois a coups de beats, de basses, de sourires et de vibes a vous donner l’envie de ne plus jamais vous arrêter de bouger.
Et je peux vous assurer qu’en tant que petite française expatriee, cette vague vous fait l’effet d’un vrai raz de maree.
Le raz de marée en question s’appelle Nuits Sonores et est un festival de musique électronique cree il y a 6 ans par l’association lyonnaise Arty Farty a l’initiative de Vincent Carry.
Depuis 6 ans, les plus grands noms de la scène électronique française et internationale sont venus chatouiller les platines des Nuits Sonores : Justice, Laurent Garnier, Carl Craig, Nathan Fake, Vitalic, The Hacker, Ricardo Villalobos, Francois K… Certains d’entre eux sont presque devenus résidents des Nuits Sonores comme Garnier qui ne rate pas une édition depuis 2005. Rien d’etonnant quand vous connaissez un tant soit peu l’equipe. Des organisateurs aux artistes, tout le monde parle de ce qu’il fait avec une passion devenue presque rare et une humilité devenue quasi inexistante. Aucune vantardise ni mépris dans leurs propos, simplement une foi immense en ce qu’ils font…
Devenu un rendez vous immanquable et sans chi chi, Nuits Sonores s’est offert pour son 6eme anniversaire un gâteau franco-chinois. Belle coïncidence a l’heure ou il ne fait pas bon d’etre français en Chine !
Arme d’un inconscient et involontaire drapeau blanc, le crew de Nuits Sonores a apporte la plus pacifique des armes : la musique soutenue par la plus belle des armées, livrant une nouvelle forme de guerre ou les ennemis deviennent logiquement les amis et ou les attaques ne sont la que pour apprendre au public a aimer et connaître un peu mieux la musique. Une guerre dédiée a l’union ou personne n’est perdant… Sauf peut être les sourds.
L’offensive éclata a 22h par le warm up de Jose Lagarellos qui transforma la ligne de front en ligne de basse et tout en douceur mit rapidement tout le monde au meme diapason. Ses grandes paluches titillèrent la table de mixage et lancerent au dance floor de langoureuses nappes qui firent sortir de leur tranchée le deuxième régiment : messieurs Agoria et Oxia.
Apres une offensive efficace, subtile et fédératrice l’artillerie lourde s’installa derrière les platines avec comme uniques munitions vinyls et CD.
Les nappes hachees de Domino de Oxia ont resonne sur le Bund en offrant a Shanghai et ses habitants toute l’absurdite dramatique et poétique de ce monde qui tourne a l’envers. Ce fut pour moi la plus douce et incisive des attaques, de celle qui vous noue les tripes, vous mouille les yeux et vous donne terriblement envie que tous les gens qui vous entourent,amis ou étrangers, soient touches par la meme grâce.
Puis ce fut au tour du général Agoria de nous prendre en otage et de nous amener dans les airs en laissant battre ses puissants kicks dans nos tympans. Nous braquant avec un set puissant, nuance et parfois jouissivement rugueux , il offrit aux Spitzer le meilleur des tapis rouges pour leur electro live.
Aux commandes de leurs chars sonores Oxia et Agoria finirent de balayer les derniers retiscents et les fantassins Spitzer purent tranquillement assener la foule de leur live électrifiant. Les tirs qu’ils lancèrent a bout portant ce soir la eurent le meme impact sur le public que sur eux. Stupefaits de pouvoir prendre leur pied dans un decor aussi improbable, les freres Bregere nous offrirent un set en crescendo, puissant et atomisant.
Aux commandes de cette armee sonore, un Vj set orchestre par melka du collectif PLAY dont les visuels s’adaptaient avec une fluidite evidente et un talent indeniable a chaque set. Ajustant son tir pour chacun de ses compatriotes, melka mitrailla en finesse le grand ecran dominant le Bund du haut de la terrasse du Bar Rouge ; et s’accorda une jouissive offensive de 5 heures.
Nous y sommes presque, la bataille est livree apres des heures de rafales musicales et de shoots visuels. Sur ce champ de bataille ou ne resonnent plus que quelques notes, l’artiste L1es nous livre un dernier coup de grace et laisse a Shanghai la plus belle des dedicaces. 24 heures deja avant le debut des hostilites, il etait venu en eclaireur et lanca le plus graphique des assauts en customisant integralement le club de ses tags. 24 heures apres le debut de la bataille, il revint sur les lieux du crime et clotura le festival d’une immense fresque realisee en live.
Voici donc l’histoire de la plus efficace, pacifique et artistique des missions. Les armures de chacun n’ont certes pas toutes ete aussi permeables pour les raisons que nous connaissons tous ; mais on avance tout doucement et le peuple chinois aura bientôt toute la liberte de penser cette musique qui vient de chez nous et de leur ailleurs.

Photos : Lucas Gurdjian

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